Campus de Nouville
Cette thèse est financée principalement par un contrat doctoral de l’IRD provenant de Prony Ressources NC.
Résumé
La Nouvelle-Calédonie est un hotspot mondial de la diversité reptilienne, avec 139 espèces terrestres recensées. Sur ce territoire au cœur des enjeux mondiaux de la production de nickel, on estime que 45% des squamates menacés le sont directement par l’exploitation minière. Dans ce contexte, la translocation des lézards menacés est régulièrement envisagée comme mesure de compensation environnementale. Pourtant, à l’échelle mondiale, on estime que moins de la moitié des translocations de reptiles réussit, et encore moins lorsqu’elles sont réalisées par des acteurs privés dans le cadre d’une compensation environnementale. Dans ce contexte, cette thèse s’intéresse au Scinque-léopard, espèce inféodée aux maquis des terrains miniers, et considérée comme un archétype de ces espèces menacées par la réduction des habitats causée par l’action conjuguée des mines et des feux.
Enjeux de préservation des espèces
Deux problématiques structurent ce travail de recherche : i) préciser le statut de conservation du Scinque-léopard dont les évaluations passées étaient marquées par un biais d’échantillonnage important et les difficultés propres à la détection de l’espèce ; ii) évaluer la faisabilité de sa translocation.
Pour répondre à la première problématique, nous avons privilégié la recherche de nouvelles localités, l’évaluation de la structuration génétique entre les populations connues, et une modélisation de la niche écologique associées à l’analyse géographique des pressions environnementales. Ces travaux ont permis d’étendre significativement l’aire de distribution connue, avec un isolement génétique fort de certaines populations justifiant la reconnaissance de trois unités évolutives (ESU). Le risque d’extinction de l’espèce est probablement moins important qu’estimé auparavant, mais une partie des populations apparaît en déclin, et près de la moitié des habitats favorables identifiés est incluse dans une concession minière.
La deuxième problématique est abordée à travers une étude radio télémétrique de l’utilisation de l’habitat et des relations sociales du Scinque-léopard. Cette étude révèle une grande territorialité des adultes, avec une fidélité marquée aux gîtes, une forte dépendance aux micro-habitats rocheux, un sex-ratio très en faveur des femelles, et une structure sociale probable en harems. Ces résultats présagent d’obstacles importants pour la mise en œuvre d’une translocation, a fortiori dans le cas d’un déplacement d’animaux vers un site abritant une population résidente, le scénario le plus vraisemblable dans le cas d’une opération minière. Les risques encourus, à la lumière du statut de conservation relativement favorable de l’espèce, ne désignent pas la translocation comme une mesure de conservation pertinente et efficace. Des mesures en faveur d’une amélioration globale de la qualité des habitats naturels sont à privilégier, en priorité par la lutte contre les espèces envahissantes, qui impactent la majorité des espèces de squamates en Nouvelle-Calédonie.
Mots-clés : squamates, lézards, méthodes de capture, structuration génétique, modélisation de niche, radiotélémétrie, structure sociale, utilisation de l’habitat, renforcement de population, mitigation
Composition du jury
- Anne Besson, chargée de recherche, University of Otago
- Xavier Bonnet, directeur de recherche, CNRS Chize
- Claire Goiran, PRCE, UNC
- Hervé Jourdan, chercheur, UMR IMBE
- Morgan Mangeas, directeur de recherche, UMR Entropie
- Stéphane McCoy, PhD, Prony Ressources
- Rick Shine, professeur émérite, Université de Sydney
Partenaire de la thèse
IRD
Contact
Matthias Deuss
Scinque léopard dans un affleurement de péridotites et suivi radio-télémétrique sur le terrain (© M. Deuss/ H. Jourdan)