L’UNC décroche un financement européen « Horizon 2020 » de plus de 150 millions CFP sur 4 ans

La bonne nouvelle est tombée le 02 juillet 2019 : pour la première fois depuis sa création l’université est lauréate d’un appel à projets très sélectif du schéma directeur pour la recherche et l’innovation « Horizon 2020 » (plus communément appelé H2020) de la commission européenne. L’UNC et ses partenaires scientifiques, dans le cadre du programme RISE (Research and Innovation Staff Exchange – Programme d’échanges de personnels pour la recherche et l’innovation), se voient octroyer 1 288 000 euros soit presque 154 millions CFP sur 4 ans du 1er avril 2020 au 31 mars 2024.

 

Après un financement de 6 millions d’euros sur 10 ans (environ 72 millions CFP par an) décroché pour sa réforme innovante des licences (dispositif TREC) dans le cadre de l’appel à projets « Nouveaux cursus à l’université » du grand plan d’investissement d’avenir de l’État (ANR-18-NCUN-0022), l’UNC démontre une nouvelle fois sa crédibilité et sa capacité à répondre aux grands appels à projets internationaux et à en être lauréat, même lorsqu’ils sont particulièrement complexes et sélectifs.

 

Un score d’évaluation remarquablement élevé

 

Très impliqué dans le montage du dossier et la mobilisation des chercheurs participants en Nouvelle- Calédonie, dans le Pacifique et en Europe, le professeur Jean-Marie Fotsing, porteur principal et coordinateur scientifique du projet, n’a pas caché sa satisfaction lorsque la nouvelle est tombée : « J’étais confiant avant l’annonce du résultat car je savais le dossier solide grâce à tous les efforts déployés pour le structurer dans le format attendu par les instances scientifiques européennes. Mais c’est une belle victoire collective qui nous engage maintenant dans une dynamique internationale pour 4 ans afin d’atteindre les objectifs fixés et d’obtenir les résultats attendus. Le score d’évaluation exceptionnel que nous avons atteint (91,8/100) démontre que nous avons été pertinents dans la problématique ciblée comme dans la présentation des innovations de notre initiative de recherche. C’est une belle reconnaissance de crédibilité pour l’UNC. »

 

Une problématique qui s’inscrit dans un contexte de changement climatique

 

L’objectif principal de ce projet dénommé FALAH et soutenu par le programme MSCA-RISE-2019 est de créer et animer un réseau d’équipes de recherche opérant dans la région du Pacifique et constitué de chercheurs, d’enseignants-chercheurs et doctorants qui ont un intérêt commun pour la sécurité alimentaire et ses liens directs ou indirects avec l’environnement, la nutrition et la santé.

 

Le but final du projet est de promouvoir et de redynamiser l’agriculture familiale afin d’améliorer la santé des populations dans le Pacifique et d’assurer la sécurité alimentaire dans un contexte de   transformations sociales et économiques rapides et de changements climatiques dont les effets sont particulièrement néfastes pour les populations des îles du Pacifique.

 

Un projet international multipartenaire

Concertation fin novembre 2018 à l'UNC pour la construction scientifique du projet, en présence de Jean-Marie Fotsing (UNC), Alan Quartermain (University of Goroka Papouasie-Nouvelle-Guinée), Pascal Michon (Divine Word University, Papouasie-Nouvelle-Guinée), Corinne Caillaud (University of Sydney-CPC), Olivier Galy (UNC), Hugo Bugoro (Solomon Islands National University), Anthony Harry (MOET Vanuatu) et Felicity Rogers (Coordonnatrice nationale des programmes scolaires des lycées de Vanuatu)

 

Jean-Marie Fotsing porteur principal et responsable scientifique du projet, Catherine Ris, co-porteuse, tous deux professeurs des universités à l’UNC, et Olivier Galy (maitre de conférences HDR), co-responsable scientifique, ont réussi à fédérer différents niveaux de partenaires au niveau local, national, et international. Rien qu’à l’UNC, ce sont trois des cinq équipes de recherche qui sont impliquées : l’ISEA (Institut de sciences exactes et appliquées) dirigé par Peggy Gunkel-Grillon (maître de conférences HDR en chimie) et dont fait partie le professeur Fotsing, le LARJE (Laboratoire de recherches économiques et juridiques) dirigé par Catherine Ris (professeure des universités en économie), et enfin le LIRE (Laboratoire interdisciplinaire de recherche en éducation) dirigé par Olivier Galy (maitre de conférences HDR en physiologie). La coordination et l’appui administratif du projet sera assuré par l’UNC comme cela a déjà été le cas lors du montage du projet. En effet pendant cette phase préliminaire, la DARRED de l’UNC (Direction d’appui à la recherche, au rayonnement et à l’école doctorale) a eu un rôle important lors des multiples échanges et pour l’intégration des nombreux documents dans le dossier à soumettre dans le cadre du programme RISE-H2020. La DARRED sera également largement mise à contribution pour la coordination et l’organisation des nombreux séjours d’échanges scientifiques prévus tout au long du déroulement  du projet.

 

Au niveau calédonien, le monde de la recherche est déjà structuré au sein d’un consortium qui regroupe les instituts de recherche, l’université, et le centre hospitalier : le CRESICA (Consortium pour la recherche, l’enseignement supérieur et l’innovation en Calédonie). Au sein du projet FALAH, trois des 9 organismes membres du CRESICA agiront en réseau pour former déjà une première couche partenariale  au niveau  local : l’Institut agronomique calédonien (IAC), l’antenne locale de l’Institut de recherche pour le développement (IRD-NC), et l’université avec ses trois équipes de recherche impliquées (ISEA, LARJE, LIRE).

 

C’est ensuite un autre réseau – de dimension régionale – qui est raccroché à cette structuration d’acteurs calédoniens : le réseau de recherche des universités du Pacifique insulaire (PIURN) qui regroupe 13 universités de 6 pays et territoires. Dans le cadre de ce projet RISE-H2020-FALAH, trois pays de la Mélanésie sont parties prenantes : Fidji (via l’Université du Pacifique Sud (USP) et la Communauté du Pacifique (CPS)) ; les îles Salomon (via l’Université nationale des îles Salomon) ; et le Vanuatu (via son ministère de l’éducation et son centre technique de recherches agronomiques).

 

Enfin, au niveau international et européen, les partenaires sont d’une part, des acteurs européens français (Université Toulouse Jean Jaurès, CNRS, IRD) et allemand (Université Louis-et-Maximilien de Munich) et d’autre part 4 universités australiennes au titre de pays tiers collaborateurs non bénéficiaires de fonds européens (l’Université de Sydney, l’Université occidentale de Sydney, l’Université de Wollongong, et l’Université des Nouvelles Galles du Sud).

 

Schéma 1 : le projet FALAH du programme RISE-H2020 – un réseau de réseaux

Au total, c’est presqu’une centaine de chercheurs, enseignants-chercheurs et doctorants qui interagiront dans ce projet dont une trentaine de Nouvelle-Calédonie (CRESICA), une quinzaine d’Australiens et autant d’Europe, une douzaine du Vanuatu, Fidji, etc. La combinaison inédite de ces acteurs constitue une mise en réseaux de réseaux de recherche particulièrement bien calibrée au regard des attendus du programme RISE-H2020 et qui a sans doute eu une incidence notable sur la note finale obtenue. Même si les acteurs sont, pour certains, très éloignés les uns des autres, grâce à l’aide de l’Europe, les collaborations seront fréquentes et d’une durée permettant un travail en profondeur. FALAH totalise 242 déplacements entre partenaires, toutes destinations et catégories confondues sur 4 ans ; chaque séjour s’effectuant sur une période d’un mois.

 

Des enjeux et des objets d’étude liant agriculture, nutrition, et éducation

 

Dans un contexte de changement climatique qui affecte les territoires insulaires du Pacifique avec une acuité particulière, les enjeux de sécurité alimentaire (pressions sur l’accès à la ressource), de santé publique (explosion des maladies non transmissibles sur les 40 dernières années), et de développement sont forts pour les états d’Océanie.

 

Aussi, le projet FALAH a été pensé et posé sur trois axes complémentaires regroupant les grands sujets de recherche des acteurs impliqués. On retrouve premièrement l’objet d’étude dédié à l’agriculture en Océanie, de la production à la commercialisation. La petite taille des états insulaires et la pression d’une urbanisation grandissante à laquelle ils n’échappent pas impliquent de bien connaître les modalités et les capacités de production agricole spécifiques à ces environnements singuliers.

 

Vient ensuite un objet d’étude lié à l’alimentation et à l’hygiène de vie des populations insulaires du Pacifique, depuis l’approvisionnement jusqu’aux activités physiques et sportives (incidence sanitaire). La production agricole est au service de la nutrition des populations mais la facilité induite par les produits importés et la modernisation des modes de vie demandent de bien connaître les interactions qui génèrent les problématiques de santé publique.

 

Enfin, les échanges de connaissances et de savoir-faire sont un objet d’étude primordial afin de préserver des savoirs et des modes de production alimentaire ancestraux menacés notamment par la mondialisation. Cet échange de connaissances contribuera à les revaloriser et à les optimiser dans le cadre d’une éducation académique qui rend ses lettres de noblesse à des pratiques et des savoirs éprouvés mais parfois délaissés.

 

Sur ces aspects, il est à noter que le projet FALAH inclura des doctorants inscrits à l’UNC et dans d’autres universités partenaires (6 doctorants sont inscrits en thèse sur des terrains du Vanuatu et de Fidji). Ces recherches doctorales seront directement intégrées au projet FALAH et bénéficieront des complémentarités thématiques et méthodologiques développées dans le projet. Les recherches doctorales sont réalisées sur divers terrains en milieux urbains et ruraux. Ces thèses vont croiser les savoirs traditionnels et les connaissances scientifiques. L’aboutissement de ces recherches constituera un des résultats majeurs du projet.

 

 

Des résultats attendus qui ambitionnent de révolutionner l’approche de l’aménagement des villes, de la production de nourriture et de ses modes de consommation dans le Pacifique

 

Les porteurs du projet FALAH et leurs nombreux partenaires ambitionnent de contribuer – à l’échelle de l’Océanie – à enrayer les phénomènes d’urbanisation sauvage, d’obésité, de développement des maladies non transmissibles, et de perte des connaissances de productions agricoles traditionnelles.

 

Avec les décideurs publics, il s’agira de promouvoir une autre conception des aménagements urbains   pour « changer les villes », qui sont par définition des espaces non agricoles, et y introduire de plus en plus de zones d’autoproduction alimentaire. Mais le travail consistera aussi à rapprocher les lieux de production  des lieux de consommation pour éviter des déplacements qui – dans les archipels – deviennent vite très onéreux.

 

La dimension culturelle est aussi importante et le projet vise d’une part à valoriser le rapport culturel particulier à la terre qui habite les sociétés traditionnelles du Pacifique, et d’autre part à contribuer à mieux intégrer la ville dans l’espace rural en promouvant, par exemple, le principe « d’agroville » ou « de mixte rural-urbain ».

 

FALAH ambitionne également de contribuer à modifier les pratiques agricoles et le rapport à l’activité agricole en promouvant le concept de « complexe agri-scolaire » qui consiste à organiser l’espace et les infrastructures scolaires de façon intégrée pour permettre d’impliquer les élèves dans la production d’une partie de leur nourriture notamment dans les internats scolaires (fréquents dans le Pacifique du fait de l’éloignement des tribus). Le professeur Fotsing croit au levier que constitue la nouvelle génération : « on propose que ça parte de la jeunesse pour changer le rapport et la perception de la production agricole de proximité dans les espaces urbains. »

 

La réglementation constituera également un axe de travail : les interdictions de ventes de produits ultra- transformés importés, trop gras, trop sucrés et trop salés à proximité des établissements scolaires ayant  montré de très bon résultats sur la santé des jeunes scolarisés.

 

Dans cette optique un autre résultat attendu est une meilleure insertion des zones urbanisées dans l’environnement agricole et l’optimisation des ressources locales tout en démontrant que cela peut non seulement avoir un intérêt écologique et sanitaire mais également économique (conformément aux principes du développement durable) : en cuisinant et en commercialisant les produits locaux pour les habitants et pour les touristes, les populations locales vont renouer avec leurs habitudes traditionnelles et prendront conscience qu’elles ont une richesse sous leurs pieds (terroir) et dans les mains (savoir-faire). Les produits locaux, faciles à commercialiser et sains, deviendront une richesse pour les îles du Pacifique. Le volet éducation et recherche agronomique permettra d’optimiser la capacité des îliens à produire et consommer différemment sans avoir recours à des produits importés souvent générateurs de déchets mal gérés (emballages plastiques) et de mauvaises habitudes alimentaires.

 

Conscient que cette première victoire du financement H2020 n’est qu’un début, le professeur Fotsing résume ainsi l’esprit du projet FALAH : « Nous sommes avant tout des chercheurs, des universitaires, des humanistes, qui mettons la science et la recherche au service de l’humain et du progrès, et si grâce à notre projet nous réussissons à aider les populations d’Océanie à atteindre la sécurité alimentaire, à réduire l’obésité, et à promouvoir des bonnes pratiques diététiques dans un environnement préservé, alors on pourra se dire que nos efforts, avec le soutien de l’Europe auront été récompensés. Rendez-vous dans 4 ans et au-delà… ».

 

Ce soutien de l’Union européenne a été salué par toute l’université. Jean-Marc Boyer, vice-président recherche de l’UNC, y voit la reconnaissance d’un travail de structuration et de mise en réseau des forces  de recherche enclenché en 2014 : « Il y a 5 ans, l’UNC a été très active pour la création de deux réseaux de recherche importants que sont le CRESICA (réseau calédonien) et le PIURN (réseau de recherche des universités du Pacifique insulaire). Outre l’intérêt scientifique intrinsèque de ces regroupements, cette structuration vise à augmenter la visibilité de nos établissements sur la scène locale, nationale et internationale ainsi que leur capacité à répondre aux grands appels à projets nationaux et internationaux. Le score d’évaluation atteint par le projet FALAH est une belle récompense pour cette initiative de mise en réseaux de recherche et nous encourage à nous positionner sur d’autres appels à projets à l’avenir. »

 

Le président de l’université, Gaël Lagadec, a également exprimé sa satisfaction de voir une stratégie de déploiement vers le Pacifique récompensée : « Nous avons, étape par étape, bâti une stratégie de rayonnement régionale fortement imbriquée avec celle du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, notamment vers le Vanuatu et Walis-et-Futuna. En effet, entre le PIURN et les partenariats bilatéraux, nous avons construits et pérennisé 21 partenariats avec des universités dans le Pacifique, sans compter les conventions qui nous lient avec le gouvernement du Vanuatu pour la mise en place de l’université nationale du Vanuatu (bilingue). Le projet FALAH est l’exemple type de ce que nous voulons construire dans  le Pacifique et cette reconnaissance de l’Europe vient légitimer l’orientation stratégique que nous structurons collectivement depuis bientôt 10 ans. »

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