Portait de chercheur : Cyril Marchand

Spécialiste des mangroves, Cyril Marchand a intégré l’Université de la Nouvelle-Calédonie en janvier 2019 où il occupe désormais, à 42 ans, un poste de professeur des universités en sciences de la terre et de l’environnement. Portrait d’un homme qui se voit à un tournant de sa vie.

 

Installé dans un bureau du 2e étage au pôle Sigma et heureux d’évoluer dans un cadre avec de belles infrastructures, Cyril Marchand vit à toute allure. Il pilote plusieurs programmes de recherche sur les mangroves, est directeur adjoint de l’ISEA (Institut des sciences exactes et appliquées de l’UNC) et gère sa nouvelle vie d’universitaire. Huit mois après ses premiers cours, son cartable est déjà hors service. « J’y mets tellement de choses qu’il craque de toutes parts. La première année est toujours la plus difficile, car il faut concevoir tous ses cours, mais j’aime beaucoup enseigner, partager mon expérience et mes connaissances », confie-t-il.

De Paris à Nouméa

Originaire de la région parisienne il rêvait, adolescent, d’être pilote d’avion et suit tout naturellement une filière scientifique. Mais, en prépa maths sup et maths spé, il n’adhère pas aux discours et pratiques élitistes. Il bifurque vers l’université Pierre et Marie Curie à Paris, où il suit des enseignements en sciences de la terre, plus ancrés dans le réel. « Ma vie n’est ensuite qu’une succession de rencontres, de travail acharné et d’opportunités que j’ai su saisir », poursuit-il.

D’abord un professeur lui propose un stage d’été dans un labo aux États-Unis en 1999. C’est là qu’il découvre la recherche et la sédimentologie, deux piliers de sa carrière professionnelle à venir. Il enchaine avec un DEA (master 2) puis une thèse, soutenue en 2003, où il étudie les mangroves de Guyane. « J’ai eu un coup de cœur pour les milieux tropicaux », indique le jeune professeur.  Il fait ensuite un post-doctorat à l’Université de Nouvelle-Calédonie en 2005, puis est recruté comme chargé de recherche à l’IRD[1] en 2006, en affectation à Nouméa, puis au Vietnam de 2013 à 2017.

Des programmes de recherche passionnants

Curieux, tenace et bon communicant, Cyril Marchand est aussi un bourreau de travail. En presque 20 ans de recherche, il a encadré 12 thèses, publié 63 articles scientifiques et obtenu plus de 180 millions de francs de financements pour ses projets de recherche. « Je suis guidé avant tout par la préservation de la nature. La mangrove est un écosystème remarquable, un garde-manger pour les populations côtières, une barrière naturelle contre les tsunamis, un réservoir de biodiversité, un filtre pour les polluants et un énorme piège à carbone, dix à cent fois plus important que les capacités d’une forêt. Mais c’est aussi un écosystème fragile. Nous cherchons à comprendre comment elle va s’adapter au réchauffement climatique. »

Pour cela, le chercheur confronte deux approches. La première consiste à voir, in situ, comment la mangrove s’adapte aux effets du réchauffement climatique, en particulier à la montée des eaux, via un observatoire international de mangroves situées en Nouvelle-Calédonie (atoll d’Ouvéa et Cœur de Voh), au Vietnam et en Nouvelle-Zélande[2] . La deuxième explore le futur, rien que ça ! Sous trois serres high tech à Boulari, il étudie, dans des conditions contrôlées, comment les palétuviers se développent lorsque certaines conditions du changement climatique (hausse de la température et du CO2) sont simulées. « Les palétuviers ont une croissance plus rapide et piègent davantage le carbone, ce qui est une bonne nouvelle », explique Cyril Marchand.

Nouveau départ

Après avoir passé ces dernières années dans les avions, entre Nouméa, Paris, Hanoi et Hô Chi Minh-Ville, Cyril Marchand aspire à se poser à un seul endroit, pour trouver un meilleur équilibre entre sa vie professionnelle et personnelle. « L’obtention de ce poste de professeur à l’UNC est l’accomplissement de beaucoup de travail. L’avenir s’annonce radieux entre un environnement de travail de grande qualité, l’exploitation de nombreuses données accumulées et de projets à poursuivre. La Nouvelle-Calédonie est un des meilleurs sites au monde pour étudier les mangroves » conclut-il.

 

 

[1] Institut de recherche pour le développement.

[2] Projet international Mana’o qui associe l’IRD, l’UNC, The National Institute for Water and Atmospheric Research (NIWA, New Zealand), the University of Queensland, National University of Singapore et l’US Geological Survey.

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