Les fonds meubles* des lagons sont des habitats essentiels dans les paysages marins des récifs coralliens. Les poissons peuplant ces récifs coralliens utilisent ces habitats comme nurseries, aires d’alimentation et zones de transit.
À l’heure actuelle, la plupart des méthodes d’échantillonnage des fonds meubles sont destructrices (chalutage, palangre, hameçon et ligne). Le projet OSECLA a ainsi développé une méthode d’échantillonnage vidéo à 360° (RUV360) sans appât permettant de surveiller les différentes espèces de poissons évoluant dans les fonds meubles sans détruire leurs habitats.
Le matériel utilisé est composé d’une caméra haute définition enfermée dans un boîtier étanche fixée sur un trépied et déposée, depuis un bateau, sur le fond marin calédonien. Cette technique a permis d’enregistrer 534 vidéos et de démontrer son efficacité sur des fonds meubles nus, des herbiers marins, des prairies de macroalgues et des fonds meubles mixtes.
Les points forts de cette nouvelle méthodologie sont à la fois son faible coût, son utilisation simple et son efficacité : 88% des stations ont été échantillonnées avec succès et ont permis d’observer 10 007 poissons appartenant à 172 espèces, dont 45 espèces pêchées en Nouvelle-Calédonie. Les résultats ainsi obtenus ont conforté les caractéristiques déjà connues sur les poissons des fonds meubles du lagon calédonien.
L’équipe d’OSECLA propose, aux futurs utilisateurs de leur méthode, un accompagnement spécifique avec des recommandations générales et des abaques de référence permettant d’estimer la proportion du nombre total théorique en espèces échantillonnées, en fonction du nombre de stations mises en place et de la durée de la séquence.
Financé par la Fondation universitaire de l’UNC, ce projet a fait l’objet récemment d’une publication dans « Fishes », une revue scientifique internationale reconnue validant ainsi cette nouvelle méthodologie.
Félicitations à toute l’équipe de ce beau projet composée de Delphine Mallet (VISIOON), de Marion Olivry (CNAM Intechmer), de Sophia Ighiouer (École pratique des hautes études, Université Paris Sciences & Lettres), de Michel Kulbicki (Institut de recherche pour le développement-IRD-, UMR Entropie, Université de Perpignan), et de Laurent Wantiez (Université de la Nouvelle-Calédonie -UNC-, UMR Entropie, LabEX CORAIL).
*Les fonds meubles sont composés de sédiments mobiles, du sable jusqu’aux galets. Ils se caractérisent par une surface plane, soumise aux courants et à la houle. Il peuvent être nus et sans zone de refuge apparente, végétalisés ou mixte avec de petites formations éparses (éponges, corail). Les organismes qui y vivent y ont adopté deux stratégies différentes pour se protéger : certains s’enfouissent dans le sable, et d’autres développent des mécanismes de mimétisme et de camouflage. Des plages aux profondeurs abyssales, ils représentent approximativement 9/10e des fonds marins.
Crédit photo : @VISIOON
