Campus de Nouville
L’UNC organise une conférence sur La transmission de la (post-)mémoire archipélique : témoignages de descendants de Créoles réunionnais dans le Pacifique présentée par Karin Speedy de l’université d’Adélaïde (Australie). Cette conférence publique sera donnée en français et aura lieu le jeudi 17 avril à 18h, en amphi Guy Agniel sur le campus universitaire de Nouville.
Présentation
Les traumatismes ont un effet indélébile sur le fait de parler de son passé. Dans les contextes violents du colonialisme, les silences peuvent être particulièrement aigus. Les migrations intercoloniales et trans-impériales compliquent encore la transmission des mémoires pour les personnes qui ont pu chercher à se reconstruire dans leur mobilité, à se distancier d’histoires personnelles ou familiales douloureuses et à prendre un nouveau départ dans un nouvel espace colonial. Ce fut certainement le cas des Réunionnais, dont beaucoup étaient des affranchis ou des engagés, qui ont migré vers le Pacifique après la crise de l’industrie sucrière dans leur île pendant les années 1860. Pourtant, malgré la réticence à parler de leur passé et de leurs origines dans leur errance archipélique, d’autres formes de communication, essentiellement par le corps, ont permis à certains migrants réunionnais de transmettre des mémoires ou plutôt des post-mémoires à leurs descendants.
À partir d’une recherche archivistique et d’entretiens d’histoire orale menés dans le Pacifique, en Australie, en Nouvelle-Zélande, aux États-Unis et en Europe, j’aborderai dans cette conférence les actions physiques, les gestes et les mouvements en tant que (post-)mémoire culturelle, nourrissant le corps et l’âme, que les descendants ont décrits comme des vecteurs de la créolité. J’explorerai également le rôle des photographies et de la documentation généalogique en tant que représentations incarnées d’un passé créole réduit au silence.
La conférencière
Karin Speedy est chercheuse invitée à l’Université d’Adélaïde. Elle réside en Nouvelle-Zélande et, en tant qu’universitaire indépendante, travaille actuellement sur son projet financé par le Marsden Fund intitulé : « Le tissage des liens entre les mondes coloniaux dans le Pacifique : Histoires orales des Réunionnais en Océanie au 19ème siècle ». Universitaire interdisciplinaire, Karin a passé treize ans à Sydney, où elle a dirigé le département d’études françaises et francophones de l’Université Macquarie. Elle a publié de nombreux ouvrages sur l’histoire et la littérature transnationale, coloniale et anticoloniale du Pacifique et du monde francophone, ainsi que sur les langues créoles, l’esclavage et le travail forcé, et les diasporas africaines et indiennes dans le Pacifique. En 2013, elle a reçu la médaille John Dunmore pour la recherche, en reconnaissance de sa contribution majeure à la connaissance de la langue et de la culture françaises dans le Pacifique.
légende de la photo : Charles Mitride - pique-nique à Oroué. Thio, 1917 – ANC, collection Max Shekleton