Le premier événement scientifique délocalisé du projet FALAH (Family farming, Lifestyle and Health in the Pacific) s’est déroulé du 28 au 30 juin 2022 à l’Université du Pacifique Sud (USP). Ce séminaire sur le thème : « épistémologie, approches méthodologiques et premiers résultats » a permis de nourrir les work pakage 2 et 3 du projet.
Le séminaire de Fidji a été préparé en amont par le professeur Jean-Marie Fotsing, leader FALAH et coordinateur scientifique du projet, présent à l’USP dès le premier juin. Il a été rejoint le 13 Juin par le Olivier Galy, co-coordinateur scientifique et responsable du work package 3. Enfin, le 25 juin, Marine Martinez la coordinatrice administrative et financière a rejoint l’équipe FALAH à Suva.
À l’occasion de la préparation de ce séminaire, la première assemblée générale du projet s’est réunie le lundi 27 juin avec l’ensemble des membres présents ou représentés en formule hybride (présentiel et à distance). Cette AG a permis entre autres de :
- rappeler les objectifs du projet et l’importance des mobilités de chercheurs,
- valider les premières dépenses sur le budget commun,
- proposer des modalités de renforcement des dynamiques scientifiques pour la montée en compétence des équipes du Pacifique insulaire et,
- nominer le conseil exécutif pour accompagner les décisions prises en AG
Les journées scientifiques de l’USP ont commencé par une cérémonie d’ouverture organisée au théâtre AUSAID sur le campus de l’USP Laucala à Suva, aux Fidji, avec une prestation traditionnelle de chants, danse et kava, réalisée par l’Association des étudiants d’Itaukei.
La cérémonie d’ouverture qui a rassemblé une soixantaine de personnes, a été marquée par les discours des représentants des institutions et partenaires du projet FALAH.
Professeur Jito Vanualailai, vice-chancelier adjoint pour l’éducation de l’USP, dans son mot d’ouverture, a rappelé les liens anciens et profonds entre l’USP et l’UNC, concrétisés par la création du PIURN en 2013 et aujourd’hui confortés par l’implication commune des deux universités dans le projet RISE-FALAH pour une période de quatre ans avec un soutien financier de 1,3 million d’euros des fonds européens. Il conclut en réaffirmant son soutien et celui de l’USP au projet FALAH qui s’inscrit dans le cadre des actions Marie Sklodowska-Curie pour l’échange de personnel de recherche et d’innovation Horizon 2020, très sélectif programme européen qui donne aux deux universités de se déployer sur les problèmes essentiels des territoires et états du Pacifique avec des équipes d’Europe (France et Allemagne), d’Australie et des Îles du Pacifique.
Professeur Jean-Marie Fotsing, leader et coordinateur scientifique du projet FALAH, après un bref historique du montage du projet et la construction du partenariat en 2017 et 2018, a souligné l’ampleur des tâches qui attendent les partenaires après deux années de suspension du fait de la crise sanitaire. Il a poursuivi son propos en s’adressant à ses collègues et membres du projet FALAH en ces termes : « puisque la longue période de suspension n’a pas pu briser notre détermination, nous démarrons FALAH à un point d’excellence très élevé en raison du score d’évaluation de 91,8 % obtenu en 2019. Nous devons améliorer ce score par notre détermination et nos actions individuelles et collectives pendant les déplacements et les manifestations scientifiques extérieures pour obtenir d’autres excellents résultats pour la mise en œuvre du projet au profit des populations du Pacifique ». Enfin, montrant la photo de l’enfant sur la plaquette FALAH, il conclut : « children are the future of Humanity », nous devons pouvoir relever ce défi ensemble en tant que membres de la grande Famille FALAH ».
Professeur Catherine Ris, présidente de l’Université de la Nouvelle-Calédonie, dans son allocution en distanciel depuis Nouméa, dit toute sa satisfaction d’ouvrir ce premier séminaire scientifique extérieur de FALAH à Fidji, qui marque « le vrai démarrage du projet avec les premiers détachements et les collaborations entre partenaires sur le terrain ». Elle encourage les chercheurs à s’engager pleinement dans la dynamique FALAH et à planifier leurs détachements pour construire ce réseau scientifique qui est d’une importance capitale pour l’avenir de nos communautés. Enfin, après avoir remercié le programme cadre de l’Union Européenne, les partenaires européens et australiens pour leurs soutiens à FALAH, elle conclut son intervention par le souhait que ce projet offre aux étudiants et jeunes chercheurs de la région de nouvelles opportunités de faire l’expérience de la coopération internationale et à tous, un atelier très intéressant et productif.
– Son Excellence François-Xavier Léger, Ambassadeur de France à Fidji, a dit sa satisfaction de participer à cet évènement qui honore la France et l’Europe et conforte les relations de la France dans le Pacifique. Il a insisté sur l’excellence académique portée par l’UNC, avec ses partenaires du CRESICA et du PIURN, renforçant les liens de coopération internationale en recherche scientifique.
– Dr Erja Askola, Directrice adjointe de la Délégation de l’Union Européenne dans le Pacifique, a réaffirmé le soutien de l’Union Européenne concernant la coopération scientifique dans la région Pacifique, illustrée par le projet FALAH. Elle a salué la dynamique portée par les Universités de la région et l’opportunité pour des chercheurs européens et du Pacifique d’échanger leurs connaissances, leurs méthodologies et leurs outils de recherche.
– Vinesh Kumar, secrétaire permanent de l’agriculture à Fidji, a rappelé les défis rencontrés par la région Pacifique en matière de sécurité alimentaire, de santé, dans un contexte de changement climatique. Ces problématiques, au cœur du projet, démontrent le besoin de renforcer la collaboration entre les différents pays et territoires du Pacifique. Il a évoqué l’importance de continuer à travailler sur ces sujets, afin de contribuer à améliorer le bien-être des populations du Pacifique.
La fin de la cérémonie d’ouverture a été marquée par une photo officielle réunissant l’ensemble des participants de la grande famille FALAH.
Les travaux scientifiques organisées durant deux jours ont commencé en seconde partie de la matinée par une présentation générale du projet FALAH réalisée par le professeur Fotsing et docteur Galy. Ils ont tour à tour présenté les objectifs, enjeux, méthodes, organisation et mise en œuvre de FALAH, ainsi que les enrichissements complémentaires (éthique, valorisation scientifique, mise en réseau des chercheurs, financements complémentaires, passerelles…) indispensables à la bonne réalisation et au succès du projet.
Les séances de travail, conférences et ateliers scientifiques ont permis à une trentaine de collaborateurs du projet FALAH d’engager les discussions autour de l’agriculture et l’alimentation, les modes de vie et la santé. L’ensemble des 14 institutions internationales partenaires étaient représentées ou assistaient aux discussions en visio conférence.
Les conférences scientifiques pluridisciplinaires et les ateliers de travail ont permis aux intervenants d’échanger et de partager leurs expériences. Les intervenants ont longuement échangé sur la méthodologie de travail et leurs complémentarités, ils ont également approfondi la dimension épistémologique, notamment sur les notions d’agriculture familiale et d’alimentation appliquées au contexte océanien des îles du Pacifique. La région pacifique étant multiculturelle, elle intègre des conceptions et pratiques différentes de l’agriculture familiale, de l’alimentation, du mode de vie et de la santé.
La mise en commun des différentes perceptions permettra d’harmoniser l’approche méthodologique et d’établir un langage commun pour tous les chercheurs afin d’aborder les problématiques de la petite agriculture, de la pêche côtière, de l’alimentation et du bien-être dans une perspective comparative entre les îles.
Les deux journées d’échanges scientifiques dans les ateliers de travail ont été complétées par une sortie de terrain autour de Suva le 30 juin avec arrêt sur des sites préalablement choisis pour leur représentativité et devant servir de terrains d’exploration du programme FALAH.
Le premier site d’accueil des séminaristes a été le village Molituva, où les participants ont été accueillis par une cérémonie traditionnelle suivie de la visite guidée des lieux assurée par le chef du village.
Cette visite guidée a permis aux acteurs du projet de prendre connaissance des pratiques agricoles et des modes de production des habitants qui vivent essentiellement des ressources locales issues des cultures vivrières, de la petite pêche et du ramassage des coquillages. Il a également été question des techniques de production, du fonctionnement social et des habitudes de vie des populations et leurs rapports avec les citadins de Suva.
Le second site d’intérêt a été le village Buretu dans lequel les acteurs et participants du projet FALAH ont pris part à plusieurs activités. Reçus par le chef, ils ont ensuite visité le village et les aménagements sommaires de protection contre les inondations, mais aussi les activités pratiquées par les habitants, notamment les cultures associées, le petit élevage des cochons, le ramassage des coquillages et autres ressources sous la mangrove.
Le clou de la journée a été la rencontre avec les élèves de l’école primaire de Buretu qui avaient préparé des chants scandés et chantés en guise de bienvenue aux équipes FALAH. “Les enfants sont l’avenir de l’humanité”, a affirmé le professeur Jean-Marie Fotsing devant les élèves visiblement heureux de cette rencontre. Cette visite d’école cadre parfaitement avec l’un des axes majeurs de recherche du projet FALAH qui consiste à analyser le mode de vie grâce à l’alimentation et l’activité physique des jeunes en environnement scolaire. Cette démarche sera complétée par une analyse similaire chez les parents et grands-parents dans les familles afin d’étudier les changements intergénérationnels liés au mode de vie.
Les premiers contours d’un futur partenariat avec l’école de Buretu ont été esquissés d’une part, pour accompagner les parents d’élèves dans l’utilisation de produits locaux pour l’alimentation des élèves et d’autre part, les accompagner dans la création de jardins potagers pour fournir les produits agricoles à la cuisine de l’école, démarche qui permettra notamment les circuits courts et l’analyse des circuits et cheminements « potager-assiette ou marché-assiette ».
Les visites de terrain dans le village Buretu se sont terminées par le partage et d’un déjeuner concocté par les habitants, essentiellement composé de produits locaux.
La dernière étape des visites de terrain s’est faite dans les jardins expérimentaux de la Communauté du Pacifique à Suva. Les chercheurs y mènent une expérimentation permettant d’approfondir les connaissances en matière de cultures sur différents sols pour l’analyse des besoins en eau des plantes et les rythmes de croissance de celles-ci. Les résultats de cette étude contribueront à l’amélioration des efforts régionaux déployés pour soutenir la production alimentaire, la santé des écosystèmes et l’atténuation du changement climatique.
Au terme des trois journées scientifiques, des rencontres spécifiques et des sessions de formation se sont poursuivies du 1er au 7 juillet 2022.
Le 1er juillet, les étudiants de master et de doctorat impliqués dans le projet FALAH ont présenté leurs travaux de recherche devant les coordinateurs scientifiques professeur Fotsing et docteur Galy.
Le 5 juillet, le Dr Olivier Galy et Mathilde Souchon, représentante du PIURN ont rencontré le vice-président en charge de la recherche de l’Université Nationale de Fidji (FNU) pour faire connaître le projet FALAH dans la perspective d’une passerelle scientifique avec des équipes spécialisées de la FNU.
Dr Olivier Galy a par ailleurs assuré une formation aux méthodes de recherche qualitatives et quantitatives dédiées au mode de vie et à la santé pour les chercheurs seniors de l’USP impliqués dans le projet FALAH.
Le 7 juillet, des sessions de formation à destination des doctorants permettent de préparer la présentation de leurs travaux pour l’événement scientifique FALAH du mois d’octobre.
Enfin, le 8 juillet, Jackie Lauff (USP) et son équipe ont organisé une réunion au département d’éducation de l’Université du Pacifique Sud. Cette dernière a permis de faire connaître le projet FALAH et de partager des intérêts communs en éducation et dans le secteur de l’activité physique et du sport. L’ouverture d’un centre pour le sport et le développement durable dans le Pacifique verra le jour dans les mois à venir. Il associera formation et recherche en réponse aux attentes de tous les acteurs de la réunion qui ont déjà manifesté leurs intérêts communs.
Le prochain séminaire scientifique délocalisé du projet FALAH aura lieu les 25, 26 et 27 octobre 2022 à Port-Vila au Vanuatu. Il sera précédé d’une semaine de formation à destination des doctorants de l’archipel impliqués dans le projet FALAH. La mission préparatoire de ce séminaire sera réalisée du 15 au 31 juillet par le professeur Jean-Marie Fotsing en concertation avec les partenaires locaux du MOET (Université nationale de Vanuatu) et du CTRAV (Centre technique de recherche agronomique du Vanuatu).