Portrait de Olivier Galy, chercheur à l’UNC

Imaginer les outils pour améliorer la santé des jeunes du Pacifique

Activité physique, alimentation, écran ou sommeil, Olivier Galy passe à la loupe le mode de vie des adolescents du Pacifique. Objectif ? Trouver les outils qui permettront d’améliorer la santé de ces jeunes, dont les chiffres sont aujourd’hui alarmants.

“Les adolescents représentent 1,5 million de personnes dans le Pacifique. En Nouvelle-Calédonie, la moitié de la population a moins de 25 ans. Pourtant, la recherche ne s’est que très récemment intéressée aux adolescents”, observe Olivier Galy, maître de conférences en Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives (STAPS).

En 2015, l’Université de la Nouvelle-Calédonie ouvre une nouvelle unité de recherche : le LIRE (Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche en Éducation), un projet porté par Olivier Galy. Ce docteur en STAPS, habilité à diriger des recherches, a aussi été enseignant d’Éducation Physique et Sportive, entraîneur de haut niveau de triathlon sport qu’il a aussi pratiqué au niveau national pendant 15 ans. Dans cette nouvelle unité, il entend développer la recherche autour de la jeunesse, de la santé et de l’éducation.

 

Un état des lieux

“A l’époque, on savait tous qu’il y avait un problème d’obésité en Nouvelle-Calédonie, notamment chez les jeunes, mais on n’avait aucune donnée scientifique sur ce sujet. C’est l’état des lieux qu’on s’est attaché à faire, dès la création du LIRE”, raconte-il. Une grande étude est lancée, rassemblant des chercheurs de différentes disciplines (1). Activité physique, alimentation, écran ou encore sommeil … Les élèves de 11 à 15 ans sont interrogés sur leur mode de vie dans plusieurs collèges du territoire, en zones urbaine, rurale et tribale. Ce qui était pressenti se confirme alors objectivement. “L’OMS (Organisation mondiale de la santé, ndlr) recommande 60 minutes d’activité physique modérée à vigoureuse, cinq fois par semaine. Les adolescents calédoniens sont plutôt autour de 30 minutes”, relève Olivier Galy. Seulement 8% des élèves interrogés ont une consommation raisonnable des aliments à limiter, telle que la nourriture issue des fast-food et seulement 14% des 11-15 ans consomment moins de deux heures d’écran par jour en semaine. Ils sont 20% à dormir suffisamment en semaine, soit 9h30 par nuit. (2) “En Nouvelle-Calédonie il s’est passé en 70 ans, ce qui s’est passé en l’espace de deux ou trois siècles en Europe, c’est-à- dire l’arrivée d’une multitude de biens de consommation, la monétisation, etc.,” expose le maître de conférences.

 

“Ce qui se passe dans leurs corps”

Une fois ce constat fait, Olivier Galy monte le programme “iEngage” en 2016, en partenariat avec l’Université de Sydney. “Nous avons construit un programme éducatif digitalisé basé sur une utilisation des tablettes et des bracelets connectés. L’objectif était de faire acquérir de nouvelles compétences aux élèves de trois classes de Lifou”, explique-t-il. Les élèves découvrent par exemple ce qui se passe dans leurs corps quand ils vont du vélo ou du volley, se fixent des objectifs personnalisés et peuvent observer leurs progrès au fil du temps. A la fin du programme, la part des élèves qui suivent les recommandations de l’OMS (60 minutes d’activité physique modérée à vigoureuse par jour) avait augmenté de 30%, notamment parmi les élèves les moins actifs. (3) “Nous avons mené la même expérience à Sydney dans une école située en milieu urbain. Il est apparu que les adolescents avaient eux-mêmes identifié les moments propices à l’activité physique, comme l’après-midi après les cours, et qu’ils provoquaient eux-mêmes ces sessions d’activité. Une fois que les élèves ont acquis les compétences, ils n’ont plus besoin du bracelet pour générer une activité physique”, conclut Olivier Galy.

 

Une problématique du Pacifique

En 2021, le maître de conférences s’implique dans un nouveau programme, initié par l’inspection académique d’EPS : Mov’ado (pour mode de vie des adolescents). 150 élèves calédoniens de cinquième, issus des trois provinces, suivent un programme d’éducation physique et de santé, avec leurs enseignants d’EPS. “L’idée n’est pas seulement de leur dire de faire du sport, mais de les amener à comprendre pourquoi il faut faire du sport, ou pourquoi il faut s’alimenter de telle manière”, précise l’enseignant-chercheur. Après trois années de fonctionnement, le programme va prochainement être évalué. “Nous mesurons l’activité physique des élèves avant et après le programme, mais aussi plusieurs mois après l’arrêt du programme, pour voir si les compétences sont stabilisées et si elles restent mobilisées”, détaille Olivier Galy. Faire un constat, c’est une chose, le traduire en outil éducatif, c’en est une autre.”

Cette problématique se pose pour tous les pays insulaires du Pacifique. C’est pourquoi Olivier Galy codirige le Node, avec Corinne Caillaud de l’université de Sydney. C’est un réseau de chercheurs qui travaillent sur la jeunesse et la santé dans tout le Pacifique (mettre le lien vers l’article sur le projet YHEAP), de l’Australie aux Samoa, en passant par la Papouasie Nouvelle-Guinée ou encore le Vanuatu. “Nous avons des problématiques similaires de surpoids ou d’obésité, certaines populations sont plus vulnérables, comme les filles appartenant à des communautés océaniennes. Si elles sont synchronisées, nos actions auront plus de force”, espère-t-il.

 

 

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