Du 4 au 6 juillet avait lieu la 5e conférence du PIURN, le Pacific Islands Universities Regional Network, qui se tenait aux îles Cook. 240 universitaires issus de plus de 20 universités différentes se sont réunis pour échanger autour de thématiques diverses, comme le changement climatique, l’éducation et les savoirs traditionnels. L’Université de la Nouvelle-Calédonie (UNC) était représentée par une délégation de chercheurs et sa présidente, Catherine Ris.
Depuis son origine, le PIURN est co-présidé par deux universités : l’University of the South Pacific et l’Université de la Nouvelle-Calédonie. Ces deux universités portent le réseau, notamment financièrement. Les quatre principaux thèmes de recherche du PIURN sont liés aux objectifs de développement durable de l’ONU : sécurité alimentation, nutrition, santé et maladie non-transmissibles; changement climatique, biodiversité et dégradation des sols; développement des compétences, données et statistiques; développement social, égalité des genres et éducation. « Au vu du rôle que joue le PIURN, notamment les recherches et les collaborations qu’il permet dans la région, il a été accrédité comme une des actions de l’ONU contribuant aux objectifs de développement durable, explique Catherine Ris présidente de l’UNC. Cela offre une reconnaissance à ce réseau. »
Faire travailler ensemble des chercheurs d’horizons différents
« Le PIURN est un réseau, il a donc pour objectif de mettre en contact les universités et les universitaires, explique la présidente. Au travers des conférences organisées et des financements alloués à des projets, il a permis de faire travailler ensemble des chercheurs de la région qui n’auraient pas travaillé ensemble sans ce réseau. ». Si ce réseau est si important, c’est aussi parce que les universités du Pacifique ne travaillent pas naturellement ensemble, à cause de la barrière de la langue et de leurs fonctionnements qui diffèrent. « Autant c’est naturel pour nous de travailler avec des universités métropolitaines parce qu’on est une université française et qu’on a le même mode de fonctionnement, autant ce n’est pas naturel de travailler avec les universités du Pacifique, malgré le fait que ce soient nos voisins, affirme Catherine Ris. Donc le fait de créer un réseau qui impulse cette dynamique, qui met les chercheurs en contact, qui finance des projets sur lesquels on travaille ensemble, qui organise des conférences lors desquelles on se rencontre, c’est très important. D’autant plus que l’on travaille sur les mêmes sujets, c’est-à-dire les enjeux du Pacifique. Pouvoir mener des recherches complémentaires en fonction des expertises des uns et des autres et des différentes approches, c’est très enrichissant. »
« Pouvoir mener des recherches complémentaires en fonction des expertises des uns et des autres et des différentes approches, c’est très enrichissant. »
Le PIURN, un incubateur de projets de recherche
Ce réseau est à l’origine de plusieurs projets de recherche d’envergure, notamment le projet FALAH sur l’agriculture familiale : « à la base, c’était un projet PIURN qui rassemblait plusieurs universités de la région, puis le projet a grossi au point d’être éligible à un financement européen » explique la présidente. Le PIURN a cette vocation d’être un incubateur pour les projets de recherche. « On fait des petits projets, on voit si la thématique est porteuse et si l’équipe fonctionne bien, et par la suite on peut aller chercher de plus gros financements », affirme Catherine Ris.
Une cinquième session remplie d’échanges
Ces moments de rencontres sont importants pour partager sur les enjeux communs aux territoires du Pacifique. « Nous avons eu des discussions sur nos perspectives parfois différentes, raconte Catherine Ris. On a quand même une grande diversité dans le Pacifique avec des grands pays, des petits pays, des pays indépendants, des états associés, des territoires… En discutant ensemble, on en apprend beaucoup sur les enjeux contemporains des autres pays du Pacifique. ». Lors de l’évènement de trois jours, les participants ont pu assister à de nombreuses conférences. « Il y a eu des sessions sur le changement climatique, sur l’égalité des genres, sur l’éducation primaire, secondaire et universitaire dans le Pacifique, sur l’histoire du Pacifique, détaille Catherine Ris. Plusieurs sessions ont porté sur les travaux de Marjorie Crocombe, une auteure originaire des îles Cook qui a beaucoup apporté au patrimoine culturel et historique du Pacifique. Il y avait également des sessions sur la contribution des savoirs traditionnels aux connaissances scientifiques. » Cet évènement avait une connotation spéciale puisque les participants ont célébré les dix ans du réseau. « C’est un réseau qui n’a cessé de grandir, on est aujourd’hui quinze universités membres, se réjouit la présidente. Les universités de Hawaï, d’Australie, de Nouvelle-Zélande et du Japon ne sont pas membres du réseau, mais sont très présentes pour trouver de potentiels partenaires de recherche. Cet évènement, au-delà du réseau universitaire, participe au rayonnement et à l’intégration régionale de la Nouvelle-Calédonie. »
« Cet évènement, au-delà du réseau universitaire, participe au rayonnement et à l’intégration régionale de la Nouvelle-Calédonie. »
Et si on créait un Erasmus du Pacifique ?
C’est ce que souhaiterait la présidente de l’UNC. « On dit souvent que la plus belle réussite de l’Europe, c’est le programme Erasmus qui a permis à des millions de jeunes d’avoir une expérience dans un autre pays, affirme-t-elle. Je crois en cette idée pour la construction de l’espace océanien. Pouvoir faire vivre aux jeunes cette mobilité internationale et cette connaissance des autres pays de la région est quelque chose qui construira l’Océanie de demain. » C’est dans cette idée que le PIURN a changé de nom : le « R » dans l’acronyme est passé de « Research » (recherche) à « Regional », pour devenir plus inclusif, considérant que les pays membres ne travaillent pas que sur des projets de recherche, mais aussi de formation. « L’ambition, c’est de développer des formations co-diplômantes avec d’autres universités de la région, ajoute Catherine Ris. Permettre cette mobilité de nos étudiants, surtout à un niveau master et doctorat, pour créer cette nouvelle génération de leaders de la région Océanie qui possèdent une connaissance de la région. »
« Pouvoir faire vivre aux jeunes cette mobilité internationale et cette connaissance des autres pays de la région est quelque chose qui construira l’Océanie de demain. »