Les mangroves sont parmi les écosystèmes les plus riches en carbone au monde, jouant un rôle clé dans la lutte contre le changement climatique. Une récente étude internationale, à laquelle participe la docteure Sarah Robin et le professeur Cyril Marchand de l’Université de la Nouvelle-Calédonie, révèle que ce « carbone bleu » stocké dans les sols de mangrove varie fortement selon le paysage côtier. Ces résultats invitent à repenser les stratégies de conservation et de restauration de ces écosystèmes uniques.
Le carbone bleu : un allié contre le changement climatique
Dans les mangroves, le carbone est principalement stocké dans les sols. Longtemps considéré comme un réservoir stable et uniforme, ce carbone s’avère en réalité très diversifié.
L’étude publiée dans la revue Communications Earth and Environment (Springer Nature) démontre que la forme du carbone bleu dépend du contexte géomorphologique : deltas, côtes calcaires, estuaires… chaque paysage produit un carbone différent, avec des implications directes sur sa stabilité face aux changements environnementaux.
Une découverte qui change la donne
- Dans les deltas fluviaux, le carbone est associé aux minéraux, ce qui le rend plus stable et protégé sur le long terme.
- Sur les côtes calcaires, le carbone provient surtout des racines et reste plus vulnérable : il pourrait se libérer rapidement si les conditions environnementales se modifiaient.
- Dans les estuaires, les sols mélangent ces deux types de réservoirs, soulignant encore la complexité des mangroves.
Conclusion : il n’existe pas de stratégie unique de restauration. Chaque projet doit tenir compte du contexte géomorphologique local.
Un consortium international
Ces résultats sont le fruit du réseau de recherche MangC, créé en 2021, qui rassemble une dizaine de scientifiques d’horizons variés : écologie, chimie, biogéochimie.
Parmi eux, deux chercheurs sont affiliés à l’Université de la Nouvelle-Calédonie : Dr Sarah Robin et Pr Cyril Marchand. Leur expertise contribue à mieux comprendre les mécanismes invisibles mais cruciaux qui se jouent dans les sols des mangroves.
L’étude est coordonnée par Marie Arnaud (IEES, IRD, Sorbonne Université) et associe des partenaires de plusieurs continents (France, Australie, Inde, Vietnam, Malaisie…).
Des implications pour les politiques climatiques
« Nous avons constaté que la géomorphologie influence fortement la nature du carbone stocké dans les mangroves. Cela signifie qu’il faut adapter nos stratégies de restauration au contexte local – il n’existe pas de solution universelle », explique Marie Arnaud.
Pour les décideurs publics comme pour les gestionnaires, ce travail ouvre une nouvelle perspective : protéger non seulement la quantité de carbone, mais aussi sa forme, afin de garantir l’efficacité des politiques climatiques.
Et après ?
Le consortium MangC poursuit ses travaux avec le soutien de financements européens (Horizon 2020) et nationaux (PEPR FairCarboN TROPECOS). Ces recherches devraient continuer à éclairer les choix de gestion des mangroves, écosystèmes essentiels à l’équilibre climatique mondial.