C’est dans un contexte mondial d’emprises croissantes de l’Homme sur les écosystèmes coralliens que le Professeur Yves Letourneur, membre de l’UMR ENTROPIE, a contribué avec d’autres chercheurs de cette même UMR, à l’article « Biological trade-offs underpin coral reef ecosystem functioning » regroupant 25 spécialistes de divers pays. Il est bien admis que l’impact humain modifie de plus en plus les écosystèmes mondiaux, réduisant souvent la biodiversité et perturbant la fourniture de services écosystémiques essentiels pour l’humanité. Par conséquent, la préservation de la diversité et du fonctionnement des écosystèmes est un défi crucial de notre siècle.
Les récifs coralliens sont globalement en déclin partout dans le monde en raison des effets généralisés du changement climatique, des pollutions diverses et de la pêche non durable. Bien que la compréhension du fonctionnement de l’écosystème corallien ait beaucoup progressé ces dernières décennies / années, la plupart des études reposent sur des évaluations de paramètres biologiques « simples », comme par exemple la biomasse des poissons. Cette approche simplifiée, utile pour avoir une idée générale, masque pourtant des processus multiples et souvent complexes qui peuvent aboutir à des efforts en partie inadaptés dans les politiques de conservation locale et régionale des récifs coralliens.
Dans ce travail, nous combinons des enquêtes mondiales sur les poissons des récifs coralliens et des modèles dits « bioénergétiques » pour quantifier cinq fonctions biologiques essentielles dans le fonctionnement de l’écosystème corallien (production de biomasse, excrétion de phosphore, excrétion d’azote, consommation des algues, et prédation) pour lesquelles interviennent les poissons de récifs. Une analyse statistique poussée montre que l’importance relative des différentes fonctions présentent des formes de « compromis » liés à la grande variabilité des communautés de poissons, telle qu’aucune communauté dans aucune région ne peut optimiser toutes ces fonctions biologiques. De plus, les fonctions sont localement dominées par quelques espèces, mais l’identité des espèces dominantes varie considérablement à l’échelle mondiale. Nos résultats soulignent et renforcent la nécessité d’une approche nuancée et adaptée localement à la conservation des récifs coralliens et qui tienne compte de multiples fonctions écologiques au-delà du seul paramètre de la biomasse en poissons.
https://www.nature.com/articles/s41559-022-01710-5
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Yves Letourneur : yves.letourneur@unc.nc