FALAH – Repenser la santé dans le Pacifique

Du 28 au 30 mars l’UNC accueillait le séminaire scientifique FALAH. Retour sur un projet de recherche s’inscrivant pleinement dans une dynamique de transition alimentaire.

 

Agir sur la résilience des sociétés et sur la santé des populations par l’agriculture familiale, c’est tout le sens du projet FALAH : Family farming, Lifestyle and Health (agriculture familiale, mode de vie et santé). Il est coordonné par Jean-Marie Fotsing, professeur des universités en géographie, aménagement et géomatique, et Olivier Galy, maître de conférences en sciences et techniques des activités physiques et sportives. Ce dernier était récemment à Lifou pour le lancement des activités du mois FALAH en Nouvelle-Calédonie, et il en a profité pour présenter les détails de cette vaste étude de terrain.

 

FALAH est un projet de recherche qui porte sur la région Pacifique, plus exactement sur la Nouvelle-Calédonie, le Vanuatu, les îles Fidji et les îles Salomon. « C’est un projet qui a pour vocation de mettre en réseau des chercheurs sur la thématique de la revitalisation de la petite agriculture, c’est-à-dire de l’agriculture familiale, en lien avec le mode de vie, l’alimentation et la santé. » explique Olivier Galy, co-coordinateur scientifique du projet FALAH.

 

Qu’est-ce que l’agriculture familiale ?

2019-2028 est la décennie de l’agriculture familiale des Nations unies qui définit l’agriculture familiale comme étant « toutes les activités agricoles reposant sur la famille, en relation avec de nombreux aspects du développement rural ». L’agriculture familiale englobe la chasse et la pêche, le travail du champ, allant de la plantation à la récolte de fruits et légumes. Ainsi, le projet FALAH prend en compte toutes les facettes de l’agriculture familiale contextualisée aux environnements océaniens.

 

Du champ à l’assiette

« Notre travail s’inscrit dans plusieurs axes, précise le co-coordinateur. Nous souhaitons mieux comprendre ce que représente l’agriculture familiale pour les populations, mais également comment cette dernière peut être revitalisée, si cela est nécessaire. Plus largement, nous cherchons à contribuer au mode de vie, tant au niveau de l’alimentation, du sommeil et de l’activité physique et apporter une contribution à la santé des populations. »

En effet, il existe une grande problématique de santé dans le Pacifique, notamment due à l’explosion du nombre de personnes obèses ou souffrant de maladies chroniques. Selon les statistiques de l’Organisation Mondiale de la Santé datant de 2014, l’obésité touche 36,4% de la population fidjienne, 35,4% de la population vanuataise et 27,7% de la population des îles Salomon. En Nouvelle-Calédonie, l’Agence Sanitaire et Sociale dénombre 38% de personnes obèses dans la population. Les conséquences de l’obésité sont multiples et peuvent mener à une maladie de longue durée, très coûteuse pour la société.

 

Agir sur l’agriculture familiale, c’est agir indirectement sur la santé des populations. « Plus je mange sur des circuits courts et je produis moi-même, plus j’ai des chances de manger des produits sains » explique Olivier Galy. Contribuer à revitaliser l’agriculture familiale, c’est permettre aux gens de retrouver dans l’assiette ce qui est produit dans son potager et d’accompagner la résilience en milieu urbain, péri-urbain, dans les villages et en tribu.

 

Un projet aux multiples facettes

FALAH, c’est un projet de recherche qui regroupe 95 chercheurs aux expertises complémentaires. Neuf grandes questions de recherche sont regroupées en trois groupes de travail : l’agriculture familiale ; l’alimentation le mode de vie et santé ; et le transfert de connaissance et l’éducation.

« Par exemple, une des questions de recherche porte sur les avantages intergénérationnels (enfants, parents et grands-parents) sur les modes de vie, l’agriculture familiale (c’est-à-dire l’alimentation et l’activité physique et l’inactivité) et sur la santé. » précise Olivier Galy. Les chercheurs travailleront aussi sur le recueil et la synthèse des connaissances sur les pratiques culturales, la consommation, l’innovation et la dynamique de l’agriculture familiale dans les îles du Pacifique. Ils examineront également le rôle de l’école dans la promotion de l’éducation alimentaire, de l’activité physique et du changement des habitudes alimentaires pour le bien-être des jeunes.

« La recherche se fait à la fois au niveau des individus, via des questionnaires et des entretiens, mais également à l’échelle des données géospatiales, ajoute le co-coordinateur. Nous travaillons notamment avec des données de spatialisation, des données satellites et des données sur les parcelles cultivées. » Grâce à ces données, les chercheurs peuvent par exemple étudier l’influence du changement climatique sur les parcelles, leurs productions et ce qui est retrouvé dans l’assiette de ces familles. Autre axe de recherche, l’influence du développement socio-économique sur l’agriculture familiale, sur les parcelles et sur les populations. « Les pays que nous étudions sont dans des transitions socio-économiques différentes, explique Olivier Galy. La manière dont le pays se développe a des conséquences sur la façon dont les gens produisent, dont les gens mangent, et donc sur leur santé. ».

 

Faire vivre le savoir

L’un des objectifs du projet FALAH est de partager les pratiques et les savoirs. « Par exemple, le Vanuatu a des formes de pratiques que n’a pas la Nouvelle-Calédonie et la Nouvelle-Calédonie a des formes de pratiques que n’a pas Fidji, décrit le chercheur. Partager les pratiques et les connaissances permet d’apprendre ce qu’il y a de bon dans certains pays, et s’éloigner des pratiques moins adaptées au contexte actuel. »

 

Les connaissances accumulées lors du projet FALAH sont vouées à être partagées avec le public : « dix manifestations scientifiques sont adossées à ce projet, notamment des workshops, des séminaires et des conférences » explique Olivier Galy. Les résultats de la recherche seront partagés avec les collectivités publiques, pour que celles-ci puissent ensuite créer des politiques publiques, ou adapter celles déjà existantes, afin de promouvoir l’agriculture familiale et tendre vers un système alimentaire durable. Les acteurs de terrain pourront également s’emparer des résultats du projet pour développer des actions concrètes, adaptées à leur réalité.

 

Le mois FALAH en Nouvelle-Calédonie

Le mois de mars, était le « Mois FALAH en Nouvelle-Calédonie » ! La coordination scientifique de FALAH a visité les trois provinces pour présenter le projet, et le mois s’est achevé par un séminaire scientifique de trois jours et une table ronde organisée à l’Université de la Nouvelle-Calédonie. L’IAC, la CPS, l’IRD, l’UNC et les acteurs de la société civile ont participé à ce séminaire avec des chercheurs venant du Vanuatu, de Fidji, de Papouasie Nouvelle-Guinée et d’Australie. Une belle réussite pour les équipes de l’UNC et notamment de la DARRED qui organisaient ce mois FALAH.

Mais l’action internationale de FALAH continue avec déjà des prochaines échéances qui approchent : le prochain séminaire scientifique aura lieu du 20 au 22 juin 2023 à Port Vila. Bon courage à toute l’équipe !

 

Ce projet a reçu un financement du programme de recherche et d’innovation Horizon 2020 de l’Union européenne dans le cadre de la convention de subvention Marie Skłodowska-Curie n° 873185.

 

 

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Publireportage réalisé par Kim Jandot pour l’UNC

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