Cet évènement est organisé sous la direction scientifique de Nadège Meyer, maître de conférences en droit privé, et Léa Havard, maître de conférences en droit public.

Présentation

Au sortir de périodes de tension ou de conflit, de nombreuses sociétés ont cherché à renouer le fil du dialogue, à restaurer la confiance et à construire un avenir commun à partir d’un passé douloureux. C’est dans ce contexte qu’est née à la fin des années 80, dans le champ du droit et des sciences politiques, la notion de justice transitionnelle : un ensemble de mécanismes, de processus et de pratiques destinés à reconnaître les torts subis, à réparer les injustices, à garantir la vérité et à favoriser la réconciliation. La justice transitionnelle interroge la manière dont une société peut affronter son passé sans se diviser davantage, en conciliant mémoire, justice et avenir partagé.

En Nouvelle-Calédonie, après plus de trente ans de paix instaurée par les Accords de Matignon-Oudinot et de Nouméa dans le cadre d’un processus inédit de décolonisation, la société calédonienne se trouve aujourd’hui à un carrefour historique. En effet, les référendums d’autodétermination successifs et la crise de 2024 ont mis en lumière la persistance de fractures profondes.

Dans ce contexte, une série d’évènements scientifiques organisés par le Laboratoire de recherches Juridique & Économique (LARJE) de l’Université de la Nouvelle-Calédonie en partenariat avec l’Institut Francophone pour la Justice & la Démocratie (IFJD), expert reconnu de la justice transitionnelle, propose d’explorer la voie de la justice transitionnelle comme cadre conceptuel et pratique de la réconciliation en Nouvelle-Calédonie. Il s’agira d’ouvrir un espace de réflexion interdisciplinaire à dominante juridique qui visera à faire dialoguer chercheurs, acteurs publics et société civile.

Le 1er décembre, le colloque « Réconcilier par la justice transitionnelle en Nouvelle-Calédonie ? De la théorie à la pratique » réunira juristes, politistes, historiens, psychologues, tant académiques que praticiens. Les intervenants confronteront leurs analyses autour des fondements théoriques de la justice transitionnelle, en mobilisant des outils issus d’expériences internationales adaptés à la singularité du contexte local (pluralité culturelle, présence du droit coutumier, mémoire coloniale, rapport complexe à l’État français…). Des initiatives locales, déjà porteuses d’un esprit de réconciliation, viendront enrichir ces échanges. Parallèlement à ces travaux, une performance artistique participative offrira un espace symbolique d’expression et de rencontre.

Le 2 décembre, des groupes de travail (sur invitation) destinés à approfondir la réflexion engagée la veille se tiendront dans un format favorisant la participation active de l’ensemble des parties prenantes autour d’une réflexion sur l’opportunité et les modalités de mise en œuvre d’un dispositif de justice transitionnelle en Nouvelle-Calédonie.

Enfin, le 3 décembre, la conférence publique « Quelles pistes pour la construction d’un avenir partagé ? » présentera les résultats de l’ensemble des travaux menés de sorte à tirer des conclusions quant à la pertinence d’un processus de justice transitionnelle en Nouvelle-Calédonie. Pour clore cette série d’évènements, l’association P’art’âge donnera une représentation de la pièce de théâtre « Réconcilier ».

En articulant théorie, pratique et engagement citoyen, ce colloque ambitionne d’alimenter une réflexion collective sur les conditions d’une réconciliation durable en Nouvelle-Calédonie, fondée sur la reconnaissance mutuelle, la justice et la mémoire partagée.