FALAH
Du 18 au 20 mars, l’Université de la Nouvelle-Calédonie accueillera la dernière conférence scientifique FALAH sur le campus de Nouville, pour marquer la conclusion de ce projet de recherche ambitieux. Cette conférence portera sur l’agriculture familiale, le mode de vie et la santé dans les petites îles, pays et territoires.
Une soirée d’accueil institutionnelle et pour les délégations du projet FALAH aura lieu le 17 mars prochain à 17 h (sur invitation), en amont de la conférence programmée du 18 au 20 mars. Cette séquence institutionnelle constituera un temps fort pour dresser le bilan du projet, en présenter les perspectives et explorer les dynamiques d’essaimage envisagées.
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Retour sur un projet qui mise sur la résilience des sociétés et la santé des populations grâce à l’agriculture familiale.
Le projet FALAH (Family farming, Lifestyle and Health) vise à renforcer la résilience des sociétés et à améliorer la santé des populations par le biais de l’agriculture familiale. Il est coordonné par Jean-Marie Fotsing, professeur en géographie, aménagement et géomatique, et Olivier Galy, maître de conférences en sciences et techniques des activités physiques et sportives. Ce projet de recherche s’étend sur la région Pacifique, incluant la Nouvelle-Calédonie, le Vanuatu, les îles Fidji et les îles Salomon. Comme l’explique Olivier Galy : « L’objectif de ce projet est de mettre en réseau des chercheurs travaillant sur la revitalisation de la petite agriculture, c’est-à-dire de l’agriculture familiale, en lien avec le mode de vie, l’alimentation et la santé. »
Qu’est-ce que l’agriculture familiale ?
La décennie 2019-2028 est celle de l’agriculture familiale des Nations unies, qui définit cette dernière comme « toutes les activités agricoles reposant sur la famille, en relation avec de nombreux aspects du développement rural ». L’agriculture familiale comprend la chasse, la pêche, et le travail du champ, de la plantation à la récolte des fruits et légumes. Ainsi, le projet FALAH intègre toutes les dimensions de l’agriculture familiale adaptées aux environnements océaniens.
Du champ à l’assiette
« Notre travail s’inscrit dans plusieurs axes. Nous souhaitons mieux comprendre ce que représente l’agriculture familiale pour les populations, mais également comment cette dernière peut être revitalisée, si cela est nécessaire. Plus largement, nous cherchons à contribuer au mode de vie, tant au niveau de l’alimentation et de l’activité physique et apporter une contribution à la santé des populations. »
En effet, il existe une grande problématique de santé dans le Pacifique, notamment due à l’explosion du nombre de personnes obèses ou souffrant de maladies chroniques. Selon les statistiques de l’Organisation Mondiale de la Santé datant de 2014, l’obésité touche 36,4% de la population fidjienne, 35,4% de la population vanuataise et 27,7% de la population des îles Salomon. En Nouvelle-Calédonie, l’Agence Sanitaire et Sociale dénombre 38% de personnes obèses dans la population. Les conséquences de l’obésité sont multiples et peuvent mener à une maladie de longue durée, très coûteuse pour la société.
Agir sur l’agriculture familiale, c’est agir indirectement sur la santé des populations. « Plus je mange sur des circuits courts et je produis (ou je pêche) moi-même, plus j’ai des chances de manger des produits sains » explique Olivier Galy. Contribuer à revitaliser l’agriculture familiale, c’est permettre aux gens de retrouver dans l’assiette ce qui est produit dans son potager ou pêché et d’accompagner la résilience en milieu urbain, péri-urbain, dans les villages et en tribu.
Un projet aux multiples facettes
FALAH, c’est un projet de recherche qui regroupe 95 chercheuses et chercheurs aux expertises complémentaires. Neuf grandes questions de recherche sont regroupées en trois groupes de travail : l’agriculture familiale ; l’alimentation le mode de vie et santé ; et le transfert de connaissance et l’éducation.
« Par exemple, une des questions de recherche porte sur les avantages intergénérationnels (enfants, parents et grands-parents) sur les modes de vie, l’agriculture familiale (c’est-à-dire l’alimentation et l’activité physique et l’inactivité) et sur la santé. » précise Olivier Galy. Les chercheuses et les chercheurs travaillent aussi sur le recueil et la synthèse des connaissances sur les pratiques culturales, la consommation, l’innovation et la dynamique de l’agriculture familiale dans les îles du Pacifique. Ils examinent également le rôle de l’école dans la promotion de l’éducation alimentaire, de l’activité physique et du changement des habitudes alimentaires pour le bien-être des jeunes.
« La recherche se fait à la fois au niveau des individus, via des questionnaires et des entretiens, mais également à l’échelle des données géospatiales. Nous travaillons notamment avec des données de spatialisation, des données satellites et des données sur les parcelles cultivées. » Grâce à ces données, les chercheuses et les chercheurs peuvent par exemple étudier l’influence du changement climatique sur les parcelles, leurs productions tout comme les produits de la mer et ce qui est retrouvé dans l’assiette de ces familles. Autre axe de recherche, l’influence du développement socio-économique sur l’agriculture familiale, sur les parcelles et sur les populations. « Les pays que nous étudions sont dans des transitions socio-économiques différentes, explique Olivier Galy. La manière dont le pays se développe a des conséquences sur la façon dont les gens produisent, dont les gens mangent, et donc sur leur santé. ».
Faire vivre le savoir
L’un des objectifs du projet FALAH est de partager les pratiques et les savoirs. « Par exemple, le Vanuatu a des formes de pratiques que n’a pas la Nouvelle-Calédonie et la Nouvelle-Calédonie a des formes de pratiques que n’a pas Fidji, décrit le chercheur. Partager les pratiques et les connaissances permet d’apprendre ce qu’il y a de bon dans certains pays, et s’éloigner des pratiques moins adaptées au contexte actuel. »
Les connaissances accumulées lors du projet FALAH sont partagées avec le public : « dix manifestations scientifiques sont adossées à ce projet, notamment des workshops, des séminaires et des conférences » explique Olivier Galy. Les résultats de la recherche seront partagés avec les collectivités publiques, pour que celles-ci puissent ensuite créer des politiques publiques, ou adapter celles déjà existantes, afin de promouvoir l’agriculture familiale et tendre vers un système alimentaire durable. Les actrices et acteurs de terrain pourront également s’emparer des résultats du projet pour développer des actions concrètes, adaptées à leur réalité.
Ce projet a reçu un financement du programme de recherche et d’innovation Horizon 2020 de l’Union européenne dans le cadre de la convention de subvention Marie Skłodowska-Curie n° 873185.
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