Quand l’université expérimente la transition écologique

Panneaux solaires, modifications architecturales, solutions de covoiturage, etc. Depuis trois ans, l’Université de la Nouvelle-Calédonie cherche à réduire son emprunte carbone. Elle vient aussi de proposer un enseignement pluridisciplinaire pour sensibiliser 700 étudiantes et étudiants aux enjeux du changement climatique.

 

 

 

« Notre volonté c’est que l’université soit un moteur de la transition écologique de la société néo-calédonienne mais aussi un exemple à suivre, que ce soit pour les administrations publiques locales ou pour les autres universités françaises. » Maximilien Mathian est maître de conférences en géosciences. En complément de son travail d’enseignant-chercheur, il pilote la mission « Transition écologique et développement soutenable » de l’Université de la Nouvelle-Calédonie, dans le prolongement d’une directive du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche dans l’Hexagone.

Toute sa mission consiste aujourd’hui à adapter ce cadre général au contexte particulier du pays, en collaboration avec différents services.

Panneaux solaires et optimisation des dépenses énergétiques

« Au niveau énergétique, nous faisons partie des meilleures universités françaises, notamment parce que nous n’utilisons pas de chauffage. Mais nous avons quand même fixé un objectif global d’environ 20 % de réduction de consommation », développe Maximilien Mathian.

Et sur ce volet, l’université a déjà presque rempli ses objectifs. Tout d’abord en installant 1000 m² de panneaux solaires sur différents toits, qui ont permis de diminuer la dépendance aux énergies fossiles génératrices de gaz à effet de serre (-12 % de consommation). 800 m2 supplémentaires sont prévus à l’horizon 2025 avec la création des nouveaux laboratoires du Vectopole.

« Les nouveaux panneaux solaires devraient nous permettre de réaliser un gain supplémentaire de 10 % sur la consommation restante », estime Marc Lecuyer, responsable du patrimoine immobilier à l’UNC. « C’est difficile à quantifier mais en ajoutant toutes les mesures que l’on a prises, on a déjà fait une économie d’environ 15 à 20 % de notre consommation.»

Car en plus des panneaux solaires, et grâce au soutien financier de l’Ademe et de l’agence calédonienne de l’énergie (ACE), son service a traqué les pertes d’énergie sur l’ensemble des bâtiments : changement des systèmes de ventilation, des lampes, des climatiseurs trop gourmands. Surtout, des modifications architecturales comme la pose de bardages en bois sur les façades, ou l’installation d’auvents pour apporter de l’ombre et de la fraicheur, ont permis d’améliorer l’isolation des « passoires thermiques » du campus, le terme donné aux bâtiments au rendement énergétique peu efficace.

« Les amphithéâtres et la bibliothèque universitaire représentent à eux seuls 50% de notre consommation d’énergie », souligne Marc Lecuyer. « Ce sont de gros volumes difficiles à refroidir. » Désormais, un système informatique permet de suivre en direct la consommation énergétique des bâtiments, de programmer la coupure des climatiseurs ou de l’éclairage. La prochaine innovation sera l’installation d’un système de refroidissement centralisé, dont le financement vient d’être entériné via le résultat positif d’un appel à projet national. Il permettra d’optimiser encore le système de climatisation. Toutes ces installations ont aussi un coût, chiffré globalement à 160 millions de francs CFP, financés grâce à des dotations externes.

Mobilité : une plateforme numérique de covoiturage

Si la rationalisation des dépenses énergétiques est en bonne voie, le transport des personnels et des étudiants vient encore plomber le bilan carbone de l’UNC. « Chaque jour, 4000 personnes se rendent sur le campus. On peut compter jusqu’à 2000 voitures qui font au moins un aller-retour », détaille Maximilien Mathian, sur la base d’une récente étude sur la mobilité menée en interne.

Pour y pallier, l’université vient de mettre en place une application numérique gratuite de covoiturage, en s’appuyant sur la plateforme associative Mobicoop déjà bien connue dans l’Hexagone (https://www.mobicoop.fr/covoiturage-communaute/114). Mais la question de la mobilité a aussi été fortement impactée par l’arrêt du réseau de bus Tanéo en lien avec les récents événements. Selon l’étude menée par l’UNC, environ la moitié des étudiants utilisent ce moyen de transport. « Notre volonté est d’améliorer la mobilité douce, qui est rendue difficile aujourd’hui pour des raisons de sécurité, notamment l’absence de piste cyclable », ajoute Maximilien Mathian.

Pour ce faire, l’UNC a appuyé une étude de la Secal (Société d’équipement de la Nouvelle-Calédonie), qui vient d’être finalisée, en vue de l’installation d’un parcours sécurisé pour les cyclistes entre le quai ferry et le campus.

Les étudiants sensibilisés à la diversité des enjeux climatiques

Au-delà des économies directes de consommation des gaz à effets de serre, l’université mise sur ses ressources scientifiques et pédagogiques pour sensibiliser aux thématiques des enjeux écologiques. Ainsi, les 700 étudiants de seconde année suivent tous un enseignement transversal intitulé « Changements climatiques et développement durable ».

L’idée : leur permettre d’acquérir un socle commun de connaissance sur ces questions, à l’issue de 22 heures d’enseignements.

Ce cours mobilise des maîtres de conférences de nombreuses disciplines, de la physique à la linguistique, en passant par la biologie, la chimie, mais aussi l’économie, le droit ou la géographie, qui traitent des enjeux climatiques du point de vue de leur matière.

« Initialement, le ministère nous a incité à organiser ce cours uniquement sur le volet scientifique. Mais puisque nous sommes une université pluridisciplinaire, nous comptions profiter de cette force là pour que nos étudiants bénéficient d’un prisme de lecture venant de matières qu’ils ne côtoient pas habituellement, explique Maximilien Mathian. L’idée c’est qu’ils se rendent compte qu’il y a aussi des enjeux sociétaux intimement liés à tout ça. Nous avons des collègues qui traitent de l’évolution des langues ou de l’art face au changement climatique. »

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