YHEAP : un réseau de chercheurs tournés vers la jeunesse du Pacifique

Le projet YHEAP est un réseau de quarante-huit chercheurs issus des pays de la région, créé à l’initiative de l’Université de la Nouvelle-Calédonie et de l’Université de Sydney. Leur mission ? S’associer pour mieux comprendre le mode de vie des jeunes et mieux prévenir l’obésité dans le Pacifique.

 

A l’origine du projet YHEAP, il y a d’abord eu une collaboration entre Olivier Galy, maître de conférences à l’Université de la Nouvelle-Calédonie (UNC) et Corinne Caillaud, professeure à l’Université de Sydney. Après avoir obtenu des fonds d’amorçage de l’Union Européenne en 2015, tous les deux travaillent sur la santé des jeunes du Pacifique. En 2016, ils créent ensemble le programme iEngage, basé à Lifou et à Sydney (lire ici insérer le lien vers le portrait d’Olivier Galy).

Cette collaboration se transforme alors en “Node”, c’est-à-dire en “nœud”. Un terme utilisé dans la recherche anglo-saxonne pour désigner une équipe de chercheurs qui s’agrègent autour d’une thématique ou d’un projet. “Ce node, co-dirigé par Corinne Caillaud et moi-même, bénéficie d’un accompagnement financier de l’UNC et du Charles Perkins center, c’est le plus gros centre interdisciplinaire de la région sur la question de l’obésité et des maladies chroniques, basé à l’Université de Sydney”, décrit Olivier Galy, maître de conférences en Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives (STAPS).

 

Sciences participatives

Alors que le “Node” grandit et qu’il s’ouvre aux autres Pays de la région, un projet se forme, issu de ses travaux et réflexions : le projet YHEAP. “En 2020, nous avons souhaité étendre aux autres Pays de la région les expérimentations menées en Nouvelle-Calédonie et en Australie. Le projet YHEAP rassemble quarante-huit personnes issues de la recherche, des politiques publiques ou d’organisations inter-gouvernementales. Presque tous les Pays de la région sont représentés”, présente le chef de projet.

L’équipe souhaite comprendre les modes de vie, mais aussi les points de vue et les attitudes des jeunes pour leur santé et bien-être dans le Pacifique. Ce projet n’est pas tout à fait similaire à l’expérimentation menée en 2016. Il présente deux axes bien particuliers. Tout d’abord, il intègre une dimension de sciences participatives. “Bien souvent, les chercheurs arrivent avec un questionnaire tout prêt et demandent aux participants de le remplir. Nous avons voulu procéder à l’inverse : aller à la rencontre des adolescents et leur demander quels sont leurs besoins pour faire davantage d’activité physique et changer leur mode de vie. S’interroger sous cet angle-là, cela n’a jamais été fait dans le Pacifique. Toutes les politiques publiques mises en place dans la région en termes d’alimentation, d’activité physique ont montré leurs limites. Il faut donc changer les approches”, estime Olivier Galy.

 

Les communautés impliquées

Seconde spécificité du projet : il intègre les familles des adolescents mais aussi leur communauté. “Dans le monde de la recherche, les leaders spirituels ou coutumiers ne sont pas vraiment pris en compte. C’est pourtant une spécificité de la région. Avec le temps, les messages des politiques publiques passent et peuvent s’évaporer. Mais si ce message est partagé avec les dirigeants des communautés, il passe bien mieux”, observe le maître de conférences.

Une première étude pilote a donc été lancée cette année. Au mois de juin, des ateliers ont été mis en place dans des établissements scolaires au Vanuatu, une classe du collège de Matevulu à Santo en milieu rural, et une classe du Lycée Antoine de Bougainville à Port-Vila, en milieu urbain. “Nous avons demandé aux jeunes d’imaginer un outil numérique, qui leur permettrait d’améliorer leur sommeil ou leur alimentation. Différents scénarios leur étaient proposés, présente le chef de projet. Avec les nouvelles générations, le numérique fonctionne. Il faut donc capitaliser là-dessus. Peut-être qu’ils imagineront des recettes avec des produits du Pacifique sur Internet, peut-être qu’ils imagineront des vidéos de sport sur Tik-tok. Si cela vient des adolescents eux-mêmes, ce sera forcément adapté à leurs besoins.” D’autres ateliers seront organisés en Nouvelle-Calédonie cette fois, au mois d’octobre, pour une classe en milieu urbain et l’autre en milieu rural. Début 2024, ces ateliers devraient s’étendre à d’autres pays insulaires du Pacifique.

A plus long terme, l’équipe du YHEAP espère pouvoir développer certains outils imaginés par les adolescents, afin que ceux-ci puissent les tester. “Si ces outils montraient des résultats intéressants, nous pourrions les développer dans toute la région”, anticipe Olivier Galy.

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