L’UNC participe activement au laboratoire d’excellence (LABEX) « CORAIL »

Le corail calédonien au cœur d’un laboratoire d’excellence

 

La France est le quatrième pays possédant le plus de surface de récifs coralliens dans le monde. Pour protéger et valoriser cette richesse, un laboratoire d’excellence a été créé il y a plus de dix ans. Il rassemble plus d’une centaine de chercheurs en Métropole et dans les Outre-mer. Six chercheurs de l’Université de la Nouvelle-Calédonie y participent.

 

“ Ce n’est pas tant un projet, mais plutôt une ambition ”, précise d’emblée Yves Letourneur, professeur en écologie et biologie marine au sein du laboratoire ENTROPIE de l’UNC. Il fait partie du Laboratoire d’excellence (LABEX) « CORAIL » depuis son lancement en 2011. L’ambition est de rassembler l’essentiel des acteurs français du monde de la recherche qui travaillent sur les récifs coralliens : les chercheurs, mais aussi les universités ultramarines, l’IRD, l’Ifremer, le CRIOBE ou encore l’École pratique des hautes études, entre autres.

“ Le LABEX CORAIL permet de fédérer les gens autour de thématiques communes, malgré notre éloignement géographique. Cela nous donne une vision plus globale pour nos travaux et cela permet aussi de mutualiser les moyens. C’est une sorte de laboratoire virtuel dans le sens où il ne possède pas d’infrastructures qui lui soient propres ”, détaille Yves Letourneur. Outre l’émulation qu’il crée, le LABEX CORAIL finance aussi des travaux de recherche et notamment des masters, des thèses et des post-doctorats.

 

La lagune de Bouraké

En Nouvelle-Calédonie, il a financé plusieurs travaux autour des coraux de Bouraké. “ Le récif de Bouraké est situé à proximité de la mangrove. Ses conditions reflètent ce qui nous attend dans quelques années en termes de réchauffement des températures ou d’acidification de l’océan. C’est un laboratoire à ciel ouvert ”, décrit le professeur en écologie et biologie marine.

Ainsi le LABEX CORAIL a financé certaines manipulations réalisées dans le cadre de la thèse – récemment soutenue – de Federica Maggioni. Ses travaux portaient sur les effets des conditions environnementales extrêmes de la lagune de Bouraké sur le métabolisme de l’éponge Rhabde Estrella globostellata. “ Selon les conditions de stress, l’éponge produit soit des détritus, soit de la biomasse, c’est-à-dire qu’elle devient très grosse, expose Yves Letourneur, directeur de thèse de Federica Maggioni. À Bouraké, les éponges produisent beaucoup de biomasse, ce qui est assez atypique. C’est donc un modèle biologique intéressant en termes de fonctionnement trophique. ”

 

Métaux et pesticides

Autres travaux financés par le LABEX CORAIL en Nouvelle-Calédonie : ceux d’Yves Letourneur, sur les contaminants dans la chaîne trophique, c’est-à-dire la chaîne alimentaire. Une douzaine d’éléments métalliques et une quinzaine de pesticides et PCB (polychlorobiphenyl) ont été recherchés dans les poissons, algues et invertébrés des récifs coralliens de Nouvelle-Calédonie, de Wallis-et-Futuna et de Polynésie française. “ Tout ce que nous avons cherché, nous l’avons trouvé, mais pas dans des concentrations alarmantes. Des travaux ultérieurs dans d’autres îles (Samoa, Kiribati, Vanuatu, les Marquises, Rapa Nui et Fidji) nous ont donné des résultats similaires ”, résume Yves Letourneur. Parmi les métaux recherchés, et donc trouvés, figurent le mercure, le fer, le nickel ou encore le sélénium. “ Nous n’avons pas trouvé beaucoup de nickel en Nouvelle-Calédonie, bizarrement, commente-t-il. Soit il y a effectivement très peu de nickel, soit il n’est pas ou peu absorbé, soit il est métabolisé par les espèces analysées et rejeté dans l’environnement. ”

Parmi les pesticides identifiés figurent le glyphosate, le malathion ou encore le DDT. “ Les échantillons où les valeurs dépassent le seuil de détection du DDT sont très peu nombreux, ce qui veut dire que le produit en tant que tel a disparu, sachant qu’il a été interdit il y a plusieurs dizaines d’années, détaille Yves Letourneur. À titre de comparaison, cela veut dire que le glyphosate, qui a été interdit d’utilisation il y a quelques années seulement en Calédonie, risque de persister encore un moment dans l’environnement car c’est ce qu’on appelle un POP (polluant organique persistant). ”

 

Des contaminants dans les récifs isolés

Si les contaminants n’ont pas été retrouvés à des doses importantes dans les poissons, algues et invertébrés, ils ont en revanche été trouvés partout, y compris dans des récifs très isolés comme ceux d’Entrecasteaux. “ Cela veut dire qu’au-delà de pollutions localisées, les contaminants circulent à grande échelle, via les courants marins, les retombées atmosphériques ou les animaux qui se déplacent, du moins pour ceux qui se déplacent à grande échelle ”, analyse le chercheur en biologie.

Dans sa première étape, l’étude a seulement porté sur l’analyse des échantillons prélevés et ne s’est pas encore penchée sur l’imprégnation humaine, l’Homme étant un consommateur des produits de la mer (étape 2), et pas non plus sur les risques sanitaires qui en découlent potentiellement (étape 3). Des travaux sont actuellement menés sur l’imprégnation humaine par des chercheurs basés au Luxembourg, et auxquels Yves Letourneur s’est associé. Des résultats sont attendus d’ici la fin de l’année.

 

Photo poissons : © M. Juncker

Photo mangrove Bouraké : © F. Maggioni

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