Campus de Nouville
L’équipe de recherche ERALO (mobilitÉs, cRéations, lAngues, et idéoLogies en Océanie) de l’UNC organise un séminaire ouvert à toutes et à tous sur « Le système tonal du paicî : une rareté typologique » présenté par Florian Lionnet, Université de Princeton (Etats-Unis). Il aura lieu le vendredi 12 août de 13h30 à 15h, en amphi 80, sur le campus universitaire de Nouville.
Le paicî est une des cinq langues kanak à tons, et ce caractère tonal le rend exceptionnel à au moins deux titres. Premièrement, c’est l’une des très rares langues océaniennes à avoir développé un système de tons sans influence extérieure. Deuxièmement, ce système a des propriétés uniques qui lui donnent un statut à part au sein des langues tonales.
Dans cette communication, je m’attache à décrire ce système en insistant sur ses propriétés les plus étonnantes au regard de la typologie linguistique, et en tentant d’apporter un éclairage historique sur leur origine. En m’appuyant sur les travaux fondateurs de Jean-Claude Rivierre (1974, 1978) ainsi que sur des données de terrain personnelles, je démontre les points suivants.
- Le système tonal du paicî fait usage de trois unités tonales minimales : deux tons (haut et bas) et un abaissement de registre (downstep).
- L’abaissement de registre du paicî a des propriétés rarement décrites dans les langues tonales, dont certaines rappellent les propriétés d’un système accentuel.
- Des données comparatives semblent confirmer que l’abaissement de registre du paicî est bien d’origine accentuelle. Le paicî était vraisemblablement il y a quelques siècles une langue à accent semblable au xârâcùù voisin, avant de développer un contraste tonal original menant à la réinterprétation des faits accentuels en phénomènes tonals.
©Lionnet, 2019, embouchure de la Ponérihouen