Campus universitaire
Le mardi 23 novembre à 18h en amphi 400 du campus de Nouville, Caroline Tramier (EDP-UNC) soutiendra sa thèse de doctorat intitulée « Impacts hydro-sédimentaires des feux et de la faune envahissante dans le bassin versant de la Thiem (Touho, Nouvelle-Calédonie) ».
Résumé
En Nouvelle-Calédonie les incendies et les ongulés envahissants (cerfs et cochons) font partie des menaces les plus lourdes pesant sur les écosystèmes forestiers. Au sein de la zone côtière nord-est caractérisée par un climat tropical humide (2400 mm de précipitations par an), la pression du feu entraine aux basses et moyennes altitudes la contraction progressive des forêts aux talwegs, à l’origine d’un paysage de type mosaïque composé de savanes résistantes aux feux et de forêts.
Cette étude vise à comprendre les impacts de ces deux types de menace sur le régime hydrologique du bassin versant de la Thiem, où une forte diminution des débits d’étiage a été observée durant les dernières décennies. Le ruissellement issu de cinq surfaces de drainage allant de l’échelle de la parcelle (100 m2) à l’échelle du petit bassin versant (3 km2) et l’érosion sur trois d’entre elles ont été mesurés pour quantifier les réponses hydro-sédimentaires de différentes surfaces caractéristiques de la zone d’étude.
Des coefficients d’écoulement et des taux d’érosion pathologiques ont été enregistrés à l’exutoire de la parcelle forestière fortement impactée par les ongulés et du bassin versant de 3.1 km2 dont la couverture est à 76 % forestière. Cela s’explique par la fragmentation de la forêt et par la pression des ongulés envahissants qui créent des irrégularités dans les profils de sols le long des chemins d’écoulement, ce qui rompt la continuité des écoulements de subsurface, composants majoritaires du bilan hydrologique de cette zone d’étude caractérisée par des sols fortement anisotropes. L’exfiltration des écoulements de subsurface qui en résulte favorise l’érosion et renforce le ruissellement superficiel, exacerbant les débits de crue. L’eau participant aux crues n’a jamais l’occasion de recharger les ressources profondes alimentant les rivières en saison sèche, ce explique la diminution des débits d’étiage. Une rétroaction positive entre l’érosion et la discontinuité des écoulements de subsurface est mise en évidence. Un régime hydrologique sain ne peut donc être restauré qu’au travers de la mise en place d’actions de gestion concrètes visant à limiter le ruissellement superficiel et l’érosion.
Une attention particulière doit être apportée aux bassins versants de captages d’eau de consommation. Le feu doit y être absolument banni. Des plantations localisées stratégiquement, en particulier au niveau des lisières forestières, ainsi que des actions de régulation des ongulés sont recommandées.
Composition du jury
- Jean Jérôme Cassan, ingénieur, province Nord
- Vincent Chaplot, directeur de recherche, Université Paris Sorbone
- Jean Lambert Join, professeur, Université de La Réunion
- Patrick Lachassagne, directeur de recherche, Hydrosciences Montpellier
- Caroline Le Bouteiller, docteure, INRAE Lyon
- Morgan Mangeas, Directeur de recherche, IRD Nouméa
- Pierre Ribstein, professeur, Université Paris Sorbone
- Geoffroy Wotling, docteur, DAVAR Nouméa
- Pierre GENTHON, directeur de recherche, IRD
- Pascal DUMAS, maître de conférences, UNC